MOLLANS



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



MOLLANS



MOLLANS. - Il est bâti sur un roc taillé à pic, dans une gorge fortifiée par la nature, au nord du Mont-Ventoux. Sa fondation remonte à une haute antiquité : on croit que c'était une des dix-neuf villes du pays des Voconces. Soit à cause de ses faubourgs et de l'importance de sa situation, soit parce qu'il est entouré de murs, et qu'il avait autrefois deux citadelles, deux châteaux, deux paroisses et deux monastères (1) (1) Un de ces monastères, dit du Thoulourenc, dépendait de l'abbaye de bénédictins de Villeneuve-lès-Avignon. Il avait précédemment appartenu aux Templiers. Des travailleurs ayant découvert dans les ruines de cet ancien couvent une caisse de plomb et quelques vases antiques, on continua les fouilles, et l'on trouva, il y a environ 35 ans, des médailles, des urnes et des couteaux de pierre., il a été constamment qualifié de bourg. La population est de 1,178 individus. C'est le point de jonction de la route du Buis à Carpentras par le pont du Thoulourenc, et de Montélimar à Carpentras par Nyons. Il est à 8 kilomètres du Buis, 30 de Carpentras, 25 sud-est de Nyons et 110 de Valence. Le site en est agréable. Les oliviers y croissent et y donnent de très bonne huile.
Il y a une fabrique pour l'ouvraison de la soie, plusieurs filatures de cocons et quatre foires par an. Les principales sont celle du 26 juillet, qu'on nomme la foire de Sainte-Anne, et celle du 25 avril, connue sous le nom de Saint-Marc. Il se fait à cette dernière un commerce assez considérable de bestiaux et principalement de jeunes agneaux.
La citadelle qui défendait Mollans fut démolie en 1627, par ordre de Louis XIII. On voit encore les restes des deux châteaux, qui ont soutenu pendant les troubles religieux plusieurs siéges, dont un fut marqué par la cruauté de des Adrets, qui, selon sa barbare coutume, força un grand nombre d'habitans, réfugiés dans le vieux château, à se précipiter eux-mêmes dans le faubourg.
Lesdiguières commandait celui de 1589, et témoin du courage héroïque de Constantin Consolin, combattant seul sur la brèche, il s'écria plusieurs fois : Sauve le vaillant !
C'est auprès de Mollans que Montbrun, à la tête d'une petite armée avec laquelle il allait secourir les protestans du Comtat, fut arrêté, en 1560, par le comte de Suze et la Motte-Gondrin. Un combat très vif s'engagea ; mais, après des prodiges de valeur, les troupes de Montbrun furent contraintes de céder au nombre.
Un assez beau pont, décoré d'une fontaine, sert d'avenue à la porte principale de Mollans ; la rivière d'Ouvèze passe sous ce pont, traverse et fertilise le territoire, et va recevoir les eaux du Thoulourenc et de la rivière d'Aigue-Marse, qui le séparent du département de Vaucluse. La montagne du Châtelard le met à l'abri des vents du nord, sans nuire à la salubrité de l'air. On remarque au sommet un bassin d'eau douce. Dans le vallon formé par cette montagne et par une autre appelée le Soutein, coule une fontaine d'eau minérale qui guérit annuellement beaucoup de maladies et notamment celles de la peau et de la poitrine. Le Soutein offre plusieurs petites fontaines salées, des bélemnites, des cornes d'ammon, des dents de requin, des coquillages et diverses autres singularités.
Vis-à-vis du Châtelard est la montagne de Bluye : couverte de chênes verts au midi, elle présente au nord toutes sortes d'arbres à fruits ou d'agrément, des bois pour la teinture et les ouvrages de marqueterie, des fleurs rares et des plantes médicinales.
Sur la limite du territoire, vers Malaucène, on voit une grotte qui est sûrement l'effet des eaux du Mont-Ventoux ou d'un volcan. Elle est d'une étendue considérable, et terminée par un amas d'eau dont on ne peut mesurer la profondeur. Cette source, dite de la Baume, se répand dans le lit du Thoulourenc, dont elle double les eaux. Les habitans de Mollans y vont faire, dans la belle saison, de fréquentes parties de plaisir. La voûte est irrégulière et fort élevée ; elle est ornée d'une architecture naturelle et de quelques cristallisations.
On remarque encore à Mollans une église moderne d'une élégante simplicité, dont l'emplacement a été taillé dans le roc à la hauteur de la voûte.
On n'est pas d'accord sur l'étymologie du nom de ce bourg. M. de Suarès, évêque de Vaison, qui a fait, en 1633, la description en vers latins des paroisses de son diocèse, compare le rocher sur lequel Mollans a été reconstruit à une meule, more moloe, d'où il infère que le bourg a pris ce nom ; d'autres veulent que cette dénomination soit tirée de la nature du sol, et quelquesuns du caractère des habitans.
Pierrelongue a long temps fait partie de cette commune, sur le territoire de laquelle il conserve même encore des droits d'usage.
M. Joseph-Fiacre-Olivier Gerente, qui fut membre de la convention, du conseil des anciens, du tribunat et de la chambre des représentans, est né à Mollans le 30 août 1744.

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